Roxame, why ?

(Free translation of an extract from Peinture et Machine )


Since photography was invented, painting has been questioning its role. Why should we continue to paint, since that machine, the camera, gives to everybocy the capacity of creating lasting images of places, persons and events ?

The question has been discussed by the Impressionists, by Duchamp and today by Balpe or Frest. It stands more than ever critical for the future of painting, threatened to be drowned in a shattered space. On one side, exclusive concepts of art, too often not understandable by the public. Around this theoretical center, the vast world of large disribution medias and diverse forms of "local circles", be they the home (where children's drawings are proudly hanged), the street (tags), the regional shows (expressing the creativity and culture of the regional community)or even the big Worls art shows, sort of fashionable parties for rich collectors;

It is urgent to find a remedy for an explosion which foreshadows the mere end of the pictorial work as such. And for that, we must go back to the reason which lead to such a state of things. How could be get there ? Because, after having reached technical perfection, in the end of XIXth century, the painters have locked up therselves in a contesting party of the industrial world.

Yet, how to criticize the painters who hate the machine, when this one is by its nature driven to marginalize their creating activity of unique works ? From Antiquity to XXIth century, this evolution runs along an implacable logic.

So, in Art as in the industrial and audiovisual world, the machines have united themselves, progressively, in a vast system. Around that system, men are pushed out to the edges, if they do not play the game. It is useless to reject them, wheter prentending that they have no real existence, or denouncing their mischiefs. It is useless as well to hope naïvely in them to solve all our problems, letting us happy and idle in a leisure civilisation of which coming would have meant the end of History.

Roxame tries to explore another way : let us bet on machine autonomy, as long as it is not exceedingly dangerous, and let us cooperate with thme respectfully if not lovingly. Machinesare dangerous only if we are not willing to feel sympahy for them. Or if we love them with a technological male chauvinism.

At present, in this beginning of a new century, digital art mainstream stresses electronic media ant interaction. And right so. Placed in the periphery of the machines system, men communicate wih themselves mainly trough (portable) telephones, television and electonic messaging. Some artists, like Fred Forest, take these media as the real object of their art. Others, like Antoine Schmitt, are more interesed in developing autonomous electronic creatures.

///the following parts to be translated soon

 

Perdus dans l'immensité de l'univers mondialisé, déstabilisés par l'immatérialité du travail comme du loisir dans la "société de l'information", les mondes virtuels, le cyberespace, nous trouvons dans l'oeuvre peinte un support rassurant dans sa matérialité, dans l'unicité de sa réalisation (au minimum, celle du tirage numéroté d'une estampe), un repère bien réel pour ancrer notre individualité dans l'universalité de l'esthétique.

 

Pour ce début de siècle, ce n'est plus en refusant la machine que la peinture peut se donner un avenir significatif, mais en l'acceptant joyeusement, comme une partenaire à part entière. Elle pourrait ainsi contribuer à donner à toute la création artistique un souffle nouveau, en apprenant à jouer sur l'impertinente imprévisibilité d'outils de travail plus autonomes.

 

Mais la revendication de cette spécificité de la peinture n'a de sens qu'en partenariat avec les réseaux médiatiques qui occupent largement le centre de la scène mondiale, du "mindshare" des milliards d'humains qui lui sont connectés à plus ou moins haut débit. Le peintre a besoin des médias pour se faire reconnaître et les médias ont besoin de la créativité spécifique des peintres.

 

En refusant la machine (aussi bien qu’en se mettant servilement à son service, comme avec le "réalisme socialiste"), les peintres se sont mis hors-jeu de l'histoire. Si techniquement la relation est facile, elle est psychologiquement plus difficile, car encore, comme au temps des Grecs, le monde des "beaux arts" a tendance à mépriser les "arts mécaniques" en général, et de l'informatique en particulier. Cette schizophrénie culturelle rend plus difficile aux hommes d'aujourd'hui de vivre en harmonie avec leur époque. Ils abandonnent « l'image » aux propriétaires des médias qui l’utilisent pour  fournir des cerveaux disponibles aux annonceurs, comme Francis Le Lay s'est immortalisé en osant le dire ouvertement.

 

La puissance de construction de l'art numérique selon Jean-Pierre Balpe, ne semble pas porteuse d’espoir. Il démontre que  l'art numérique est un art-concept, un art du modèle, n'ayant qu'une visibilité potentielle et multiple, de processus... « "Spectaculaire", il "risque l'interaction", il est "oeuvre de répétition ouvrant la construction d'un différent au travers des reprises d'un même ».  Les réalisations achevées de telles oeuvres dites « totales » sont aujourd'hui les grandes rencontres audiovisuelles du sport (du foot hebdomadaire, aux  JO quadri-annuels ),  de la religion (les voyages de Jean-Paul II) ou de la politique (Conventions américaines). Et finalement le journal télévisé quotidien n'intègre-t-il pas la totalité de la vie humaine dans un vaste spectacle où les journalistes jouent un rôle artistique, au sens fort du terme, pour se mettre en scène dans le cadre spatio-temporel bien précis qui nourrit chaque soir les émotions de l'humanité entière, tournant autour de la planète comme une ola de bonheurs et d'angoisses ?

 

 

Il est de temps, de faire la révolution cyborg pour notre liberté, pour aller vers la nécessité d’une éthique et permettre à l’homme de  s’exprimer dans la construction d’un monde, qui faute d’avoir été choisi, lui sera imposé par la vitesse fulgurante des évolutions techniques. Quelle place restera t’il alors pour la peinture, la philosophie, la réflexion et peu à peu, toute l’expression artistique ?

 

Mais, jusqu'à présent, cette perspective d'oeuvres "autonomes", d'artefacts non totalement maîtrisés, inquiète. Les humains se partagent entre ceux qui ceux en ont peur et ceux qui s'abandonnent sans états d'âme aux charmes, aux avantages, aux sécurités même qu'apportent les automates.

D'un côté les fabricants et leurs équipes de communication font miroiter les charmes de la machine et escamotent ses inconvénients.

De l'autre, des essayistes ou des auteurs de science-fiction dressent des tableaux apocalyptiques de l'avenir qu'elles nous promettent[1]. 

On trouve rarement d'exploration "impartiale" de ces avenirs, aujourd'hui moins que jamais, sans doute parce que les facteurs d'incertitude sont tels et les paramètres si nombreux, que personne ne veut plus prendre de risques. Le dernier effort en ce sens, à notre connaissance, est le 2100, récit du prochain siècle, publié en 1990 sous la direction de Thierry Gaudin.

 Pour remplir son rôle, la peinture doit affirmer son existence propre, comme créatrice d'oeuvres matérielles, d'objets porteurs de leur propre esthétique, indépendamment de l'univers numérique. La dynamique actuelle du livre traditionnel imprimé sur papier, malgré la pression de la télévision et de l'e-book, est un encouragement puissant à progresser dans cette voie.

 Roxame est une exploration concrète en direction de cet avenir.


 

[1] Les principaux textes sur ce thème, à l'exception du Moi robot d'Asimov, ont été réimprimés dans  L'homme fabriqué. Récits de la création de l'homme par l'homme. par JP Engélibert. Garnier 2000. (Récits de Hoffmann, Shelley, Poe, Barbara, Bierce, Schropp, Villiers de l'Isle-Adam, Wells, Panizza, Capek, Huxley , Glish et Carter, avec  introduction et présentations par J.P.Engélibert, et des extraits d'Ovide, Descartes, La Mettrie, Baudelaire et Truong).

[1] Interview Stic Hebdo 22 -  http://www.asti.asso.fr/pages/Hebdo/sh22/sh22.htm

[2] Mary Shelley, auteur de Frankenstein qui à travers cette œuvre nous signifie que si l'homme fabriqué devient  méchant, c'est parce que son créateur l'abandonne, le refuse.

[3] Sur les relations hommes et machines et prolongeant finement le mythe de Pygmalion. - Sherry Turckle, spécialiste américaine de pédagogie, autour d'un ouvrage intitulé : The second self (malheureusement traduit en français par « Les enfants de l’ordinateur » - Computers and the human spirit. Ed. Simon and Schuster - N.Y

[4] Kathleen Ann Goonan dans sa  tétralogie de science-fiction, Nanotech (dont le premier est traduit en français, Queen city jazz) (Editions Imaginaires sans frontières, 2002),  nous incite à penser au plaisir autant qu'à la maîtrise

[5] Le texte intégral est disponible en français sur le web    http://multitudes.samizdat.net/article.php3?id_article=800

 


 

 

Ce texte est tiré d'un essai intitulé "Peinture et Machine - Peindre au XXIe siècle ? Pourquoi ? Comment ? " écrit en 2004 par Pierre Berger. Pour le lire dans sa version intégrale, suivre ce lien  ici